Khalil Gibran qui fut un des pionniers du réveil des lettres arabes à la fin du XIXe siècle, fut aussi un remarquable artisan de la langue anglaise. Il a réécrit lui-même en anglais la plupart des oeuvres qu'il avait créées en arabe. Si les versions anglaises furent bien accueillies par les milieux littéraires, c'est la publication de The Prophet, en 1923, qui lui assura la notoriété dans le monde occidental.
Le Prophète est son chef d'oeuvre. Il en avait rédigé une première version en arabe à l'âge de quinze ans ; deux fois dans la suite il avait remanié et amplifié celle-ci. C'est après la troisième version en arabe qu'il avait réécrit le texte en anglais, texte qu'il devait encore retravailler quatre fois avant de le confier à l'impression parce que, disait-il, "je voulais être tout à fait sûr que chaque mot fut vraiment le meilleur que j'eusse à offrir"