*Ceux qui parlent à notre place, ceux qui gèrent ou gouvernent sont exclusivement formés aux sciences humaines pendant que le monde réel se trouve bouleversé par l'impact des sciences dures et de leurs applications. La coupure est si grave qu'elle nous met en danger. Il nous faut donc concevoir et fonder un nouveau type d'homme, métis, expert à la fois dans ces deux sciences. Je l'appelle « Tiers-instruit ». Sous risque majeur, l'enseignement devra former cet humain nouveau dont ce livre peint vingt-cinq portraits. Le contrat qui unira les hommes au monde et nous sauvegardera ne pourra être signé que par lui. [4ème de couv.]
*Dans le souci de l'éducation des générations futures et faisant suite à Petite Poucette, M. Serres pose pour principe que l'éducation est indissociable du métissage des cultures. Le tiers-instruit est celui qui saura se nourrir des humanités comme des sciences. [source : Electre]
*Etrange et original, déjà mélangé des gènes de son père et de sa mère, en tiers entre eux, tout enfant n'évolue que par nouveaux croisements, toute pédagogie reprend l'engendrement et la naissance d'un enfant : né gaucher, il apprend à se servir de la main droite, demeure gaucher, renaît droitier, au confluent des deux sens ; né gascon, il le reste et devient français, en fait métissé ; français, il se fait espagnol, italien, anglais, ou allemand, s'il épouse et apprend leur culture et leur langue, en gardant les siennes propres, le voici quarteron, âme et corps mêlés. Son esprit ressemble au manteau d'Arlequin. Cela vaut pour instruire autant que pour élever les corps. Le métis, ici, s'appelle Tiers-Instruit. Scientifique, plutôt, par nature, il entre dans la culture parce que la science épouse aujourd'hui les questions, par elle seule imprévisible, de la douleur et du mal. Il suffit d'apprendre deux choses : la raison exacte et les maux injustes ; la liberté d'invention, donc de pensée, s'ensuit. Cela vaut enfin pour la conduite et la sagesse, pour l'éducation. Elle consiste et demande à épouser l'altérité la plus étrangère, à renaître donc métis. Aime l'autre qui engendre en toi une troisième personne, l'esprit. [source : Babelio]