Le jeune Isookanga ne se sent pas à sa place dans ce village pygmée au fin fond de la forêt où son vieil oncle prétend régir son existence de futur chef. Passe encore qu'il ne soit jamais de la bonne taille car métis - trop grand pour les Pygmées, trop petit pour les autres -, son vrai problème est existentiel. Depuis qu'il a découvert les possibilités de l'Internet, et par ce biais les perspectives d'enrichissement immédiat que promettent mille variantes de la mondialisation, il n'a plus qu'un objectif : planter là les cases, le vieil oncle, les traditions, la canopée millénaire et les chenilles, monter à Kinshasa, y faire du business et changer le monde - le sien, pour commencer.
Il débarque donc un matin dans la capitale, trouve l'hospitalité dans les recoins du Grand Marché parmi les enfants des rues - qui le prennent d'abord pour l'un des leurs avant de se rendre compte qu'il est bel et bien un adulte malgré sa taille modeste - et rencontre bientôt Zhang Xia, un Chinois nostalgique de l'époque Mao qui fait commerce de sachets d'eau potable et dont il se propose de révolutionner les méthodes de vente. L'avenir est à lui !
Pendant ce temps, à Kinshasa et ailleurs, le monde continue de tourner moyennement rond : Kiro Bizimungu, ex-chef de guerre désormais promu directeur de l'Office de préservation du Parc national de la Salonga, rêve de sortir de son bureau pour retourner trucider ses semblables et détourner l'argent des exploitations minières ; la chercheuse belge Aude Martin est prise de palpitations dès qu'elle croise un jeune Congolais au charisme robuste ; le révérend Jonas Monkaya, pasteur de l'Église de la Multiplication divine, met au point un système de loterie pour stimuler les dons de ses paroissiens ; la jeune Shasha-la-Jactance vend son corps aux officiers missionnés par les Nations Unies ; l'épouse de Zhang Xia restée en Chine tente de résister au harcèlement moral, puis sexuel, dont elle fait l'objet ; les multinationales de toute la planète détournent les incroyables richesses naturelles dont devrait profiter le peuple congolais... Bref, les humains ne cessent d'offrir des preuves de leur concupiscence, de leur violence, de leur bêtise, de leur faiblesse et de leur cynisme.
Qui sauvera le Congo, spolié par l'extérieur, pourri de l'intérieur ? La candeur et les rêves, les projets et la solidarité. La littérature, bien sûr, quand elle est servie par l'humour, l'énergie et la lucidité. Après le très remarqué Mathématiques congolaises, In Koli Jean Bofane poursuit l'édifiant panorama de la mise à sac de son pays natal. Congo Inc. Le testament de Bismarck, c'est "Perspectives économiques et géopolitiques de l'Afrique pour les nuls". Pas toujours réjouissant, mais raconté cash. [Source: Chez mon libraire]" />
Le jeune Isookanga quitte sa forêt et son village pygmée pour faire du business à Kinshasa. Sur son chemin, de nombreux personnages - des plus pauvres aux plus puissants, des plus vils aux plus naïfs - composent un saisissant tableau du Congo contemporain aux prises avec la mondialisation. Après Mathématiques congolaises, son premier roman remarqué, In Koli Jean Bofane n'a rien perdu de son énergie, de son humour ni de sa lucidité politique.
"Le nouvel État du Congo est destiné à être un des plus importants exécutants de l'oeuvre que nous entendons accomplir..." Le chancelier Bismarck, clôture de la conférence de Berlin, février 1885.
Le jeune Isookanga ne se sent pas à sa place dans ce village pygmée au fin fond de la forêt où son vieil oncle prétend régir son existence de futur chef. Passe encore qu'il ne soit jamais de la bonne taille car métis - trop grand pour les Pygmées, trop petit pour les autres -, son vrai problème est existentiel. Depuis qu'il a découvert les possibilités de l'Internet, et par ce biais les perspectives d'enrichissement immédiat que promettent mille variantes de la mondialisation, il n'a plus qu'un objectif : planter là les cases, le vieil oncle, les traditions, la canopée millénaire et les chenilles, monter à Kinshasa, y faire du business et changer le monde - le sien, pour commencer.
Il débarque donc un matin dans la capitale, trouve l'hospitalité dans les recoins du Grand Marché parmi les enfants des rues - qui le prennent d'abord pour l'un des leurs avant de se rendre compte qu'il est bel et bien un adulte malgré sa taille modeste - et rencontre bientôt Zhang Xia, un Chinois nostalgique de l'époque Mao qui fait commerce de sachets d'eau potable et dont il se propose de révolutionner les méthodes de vente. L'avenir est à lui !
Pendant ce temps, à Kinshasa et ailleurs, le monde continue de tourner moyennement rond : Kiro Bizimungu, ex-chef de guerre désormais promu directeur de l'Office de préservation du Parc national de la Salonga, rêve de sortir de son bureau pour retourner trucider ses semblables et détourner l'argent des exploitations minières ; la chercheuse belge Aude Martin est prise de palpitations dès qu'elle croise un jeune Congolais au charisme robuste ; le révérend Jonas Monkaya, pasteur de l'Église de la Multiplication divine, met au point un système de loterie pour stimuler les dons de ses paroissiens ; la jeune Shasha-la-Jactance vend son corps aux officiers missionnés par les Nations Unies ; l'épouse de Zhang Xia restée en Chine tente de résister au harcèlement moral, puis sexuel, dont elle fait l'objet ; les multinationales de toute la planète détournent les incroyables richesses naturelles dont devrait profiter le peuple congolais... Bref, les humains ne cessent d'offrir des preuves de leur concupiscence, de leur violence, de leur bêtise, de leur faiblesse et de leur cynisme.
Qui sauvera le Congo, spolié par l'extérieur, pourri de l'intérieur ? La candeur et les rêves, les projets et la solidarité. La littérature, bien sûr, quand elle est servie par l'humour, l'énergie et la lucidité. Après le très remarqué Mathématiques congolaises, In Koli Jean Bofane poursuit l'édifiant panorama de la mise à sac de son pays natal. Congo Inc. Le testament de Bismarck, c'est "Perspectives économiques et géopolitiques de l'Afrique pour les nuls". Pas toujours réjouissant, mais raconté cash. [Source: Chez mon libraire]