Sur l'île Turbin, on travaille. On fabrique des livres aussi, qu'on n'a même pas le temps de lire puisque le roi Dontontairalenom exige de les vendre tout de suite. Un jour, le peuple se rebelle et manifeste avec des pancartes au slogan explicite : «Travailler moins pour lire plus». Il s'agit d'un conte moderne, assez proche dans l'écriture d'Une Belle Lisse Poire de Pef, ici dessinateur. Alain Serres a en fait inventé une histoire autour d'une formule prononcée en public il y a deux ans, et qui a depuis fait fortune : le fameux «Travailler moins pour lire plus». Raconté au présent sur un mode dynamique, le récit use volontiers de jeux de sonorités, de répétitions, et fait même participer son lecteur à la fin. Les illustrations semblables à des dessins de presse apportent une touche politico-polémique indispensable. A partir des monts colorés de l'île, elles accompagnent le texte, le rendent drôle sans dire forcément plus. C'est que le récit est assez percutant en lui-même, interprétable à de multiples niveaux dès 7 ans. La poésie affleure même à travers la construction artisanale des livres, issus d'une rivière de mots et soufflés par des conteurs. A mi-chemin des Droits imprescriptibles du lecteur de Pennac et du badge Je lis la Princesse de Clèves du MOTif, Travailler moins pour lire plus est promis à de beaux jours en librairie et en bibliothèque !