Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes ; soupçonneux et solitaires, certains possèdent cependant un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair. Maffia, jeune surdoué, passionné de mathématiques, en est persuadé : il compte parmi ces nombres, et Alice, dont il fait la connaissance au lycée, ne peut être que sa jumelle. Même passé douloureux, même solitude à la fois voulue et subie, même difficulté à réduire la distance qui les isole des autres. De l'adolescence à l'âge adulte, leurs existences ne cesseront de se croiser, de s'effleurer et de s'éloigner dans l'effort d'effacer les obstacles qui les séparent. Paolo Giordano scrute avec une troublante précision les sentiments de ses personnages qui peinent à grandir et à trouver leur place dans la vie. Ces adolescents à la fois violents et fragiles, durs et tendres, brillants et désespérés continueront longtemps à nous habiter.
Le titre m’a accrochée par son originalité. Il s’agit du premier roman de Paolo Giordano, déjà fort bien ficelé et honoré du prix Stregia et du prix Campiello.
Chapitre après chapitre, le narrateur relate à la 3e personne l’histoire de Mattia en alternance avec celle d’Alice, isolé chacun dans sa souffrance. Mattia est un surdoué des nombres, maladroit, et a une jumelle encombrante. Alice ne peut se conformer aux rêves ambitieux que son père fait pour elle et souffre d’anorexie. Chacun est seul avec les autres.
Un jour Mattia et Alice font connaissance par l’intermédiaire de Viola, amusée à l’idée de les manipuler et qui parvient assez bien à les humilier. Ils se retrouveront occasionnellement, seul.e l’un.e avec l’autre, et poursuivront chacun leur destinée. Non, ils ne se marièrent pas ni n’eurent beaucoup d’enfants. Paolo Giordano ne termine pas les chapitres de ce roman. Il confie à ses lecteurs le soin d’imaginer les issues possibles aux situations. J’ai adoré l’épisode où Alice, devenue photographe, se délecte de sa vengeance tardive envers Viola.