Vous êtes ici

Partager

Les étincelles invisibles

Addie est autiste. Lorsqu'elle apprend en cours d'histoire que sa petite ville de Jupiner a persécuté, torturé et exécuté au Moyen Age des dizaines de sorcières, elle est bouleversée. Ces femmes accusées de sorcelleries n'étaient-elles pas autistes ou neuroatypiques comme elle ? Victime de brimades en classe, Addie se sent particulièrement concernée par leur sort. Elle décide de mener campagne pour que la ville de Jupiner rende hommage à ces sorcières injustement traitées.


Un portrait intimiste et délicat dont le coup de projecteur bienveillant qu'il met sur l'autisme n'est pas la moindre qualité.

Une autrice, elle-même neuroatypique, qui nous raconte, avec beaucoup de sincérité, ces êtres à part qui ont tant de richesse à apporter à un monde avec lequel ils ont, malheureusement, tant de mal à se connecter et qui ne demandent parfois qu'un peu d'ouverture de notre part pour partager avec nous les étincelles invisibles qui s’agitent derrière leurs yeux. 

Une histoire qui vous remue et ne peut manquer de susciter de fortes émotions comme la tendresse ou une juste colère. La première initiée par Addie, sa sœur et le lien à la fois doux et fort qu'elles ont tissé. La seconde provoquée par l'injustice vécue au quotidien par l'héroïne et engendrée par une société qui ne la comprend pas et veut absolument la faire rentrer dans le moule.

Une narration lente mais pleine de rebondissements qui parvient à vous agripper le regard au point qu'on a du mal à s'en détacher.

Une grande variété de thématiques toutes très actuelles comme l’affirmation de soi, le harcèlement scolaire, le droit à la différence, les conflits fraternels, l’acceptation de l’autre… mais aussi une hypothèse intéressante de lien entre le neuroatypisme et les comportements que les gens du Moyen Age taxaient de sorcellerie et donc un parallèle très pertinent entre les punitions moyenâgeuses infligées aux, sois-disant, sorcières et le regard que nous portons encore aujourd'hui sur la différence.

Des personnages bien campés, riches et qui ne laissent pas indifférents.
Une héroïne à laquelle on s'attache d'emblée non seulement par ce qu'elle nous émeut par le nombre d'épreuves et de vexations qu'elle subit mais aussi, et peut-être surtout, pour sa force de caractère, son indépendance d'esprit et sa soif de savoir et de comprendre.
Ses sœurs aînées, des jumelles dont l'une est autiste et l'autre pas. L'une lui sert de guide face au monde malgré toutes les difficultés qu'elle a rencontré, rencontre encore et qu'elle tait pour se consacrer à éviter à sa cadette un maximum des écueils auxquels elle a été elle-même confrontée. L'autre est partagée entre le sentiment d'être mise de coté dans sa propre famille face à la place que prennent ses sœurs et une envie d'aider sa cadette par des biais, malheureusement, souvent maladroits.
Son enseignante, un personnage à l'attitude particulièrement détestable que l'on sent motivée tant par sa peur de ce qui est différend que par son envie que rien ne sorte jamais de l'ordinaire.
Une majorité de ses compagnons de classe qui, sous prétexte qu'ils sont neurotypiques, ne font aucun effort pour la comprendre et la soutenir et en particulier l'une d'entre eux qui persécute et harcèle l'héroïne pour une raison supplémentaire bien plus personnelle.
Enfin, un bibliothécaire et une nouvelle élève qui tentent de comprendre, d'aider l'héroïne et seront donc, au même titre que sa sœur aînée, des soutiens essentiels pour elle.

En conclusion, un roman aussi lumineux qu'éclairant et donc à lire sans tarder.